Mille librairies

Selon la formule consacrée, nos livres sont disponibles dans toutes les bonnes librairies. Et grâce à la loi sur le prix unique du livre, il y a en France un tissu aussi riche que varié de librairies indépendantes de grande qualité. Ce sont ces librairies que nous avions envie de vous faire découvrir ici – dans une sorte de promenade où l’on rencontrera des personnalités bien trempées et des espaces singuliers où trouver son bonheur… de lire.

Coups de cœur des libraires

L’automne est la dernière saison

« Avec ce premier roman émouvant, l’Iranienne Nasim Marashi dresse le portrait de trois jeunes amies à l’heure des choix, dans une société tiraillée entre tradition et modernité, dont faire le choix de quitter l’Iran ou de rester.
Quand nous les rencontrons, Leyla est restée, alors que son mari est parti pour le Canada. Shabaneh n’envisage pas de partir. Rodja, elle, attend son visa pour continuer un doctorat à Toulouse.
Ce sont ces trois femmes, ces trois ”sortes de monstres” qui ne sont plus du même monde que leurs mères mais pas encore de celui de leurs filles qui nous racontent leur histoire, Nasim Marashi ayant choisi la voix de la polyphonie, merveilleuse manière d’ouvrir des fenêtres sur les non-dits, les secrets, et questionner l’amitié et ses aspérités.
Un récit sensible en deux saisons, un été et un automne, ponctué de fulgurances poétiques :

”Leyli ! Leyli ! M’avais-tu dit, je veux passer tout l’été sous l’automne de tes cheveux !” Tu avais ajouté : ”C’est pour moi que tes cheveux ont cette couleur, pour me rappeler l’automne au plein cœur de l’été.”

”Tu m’as dit de redescendre sur terre, de revenir dans la vraie vie. Je me suis figée sur place.
Mes pieds à moi étaient bien sur terre, ce sont les tiens qui s’apprêtaient à s’envoler à bord de ce maudit avion. Pour toi, c’était quelque chose, la vraie vie, mais ça n’avait rien à voir avec ma vie à moi.”

Amitié, amour, quête de liberté, un premier roman universel.
Une nouvelle pépite Zulma ! » Eline, librairie Cyprès — Nevers

Aux États-Unis d’Afrique

« Rarement fiction sur l’Afrique aura aussi bien parlé de l’Europe. Et pour cause : dans Aux États-Unis d’Afrique, Abdourahman A. Waberi fait du continent noir le centre économique et intellectuel du monde, tandis que les damnés de la terre se concentrent dans une Euramérique miséreuse ; partant, il tend un miroir à l’Occident – celui du monde réel. Réversibilité de l’Histoire : dans le roman, l’Afrique est une fédération d’États dont le cœur bat à Asmara – Érythrée – la capitale fédérale, un continent de cocagne à la prospérité insolente avec ses centres d’affaires aux sols de marbre, ses mégalopoles modernes et leurs McDiop à chaque coin de rue, ses artistes en vue et ses scientifiques de renommée mondiale. Un continent indifférent au sort des millions de réfugiés qui se pressent à ses frontières depuis les favelas de Zurich, Milan ou Chicago, les quatre coins de cette Euramérique ravagée par les guerres ethniques et les maladies endémiques, et qui ne survit que grâce à l’aide humanitaire africaine… Et puis, fil conducteur du roman, il y a Maya, née dans un bidonville de la banlieue de Rouen et adoptée par une riche famille érythréenne, qui part en quête de ses origines… Entre politique-fiction et conte voltairien, Aux États-Unis d’Afrique illustre de manière éclatante, malicieuse, grave, l’injustice ordinaire à l’échelle du monde. » La Nouvelle librairie Guillaume — Caen

Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée

« Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée comprend huit textes écrits par des autrices, certaines connues du public occidental comme Han Kang et Kim Ae-ran, certaines moins telles que Go eun-ju ou Jeon Gyeong-nin. Grâce à leur texte, ces autrices ouvrent pour nous huit fenêtres sur la Corée contemporaine, racontée à travers le couple et la cellule familiale.

Dans cette société coréenne, il est difficile d’échapper au mariage, véritable institution. La solution pour s’en extraire semble de se réfugier dans la solitude des souvenirs, comme la narratrice de La philosophie du boudoir, mariée à un homme brutal. Elle finit par prendre un amant, qu’elle réussit à différencier du mari. Comme s’il fallait s’extirper de l’institution du mariage, pour pouvoir aimer à nouveau. L’adultère comme échappatoire est d’ailleurs au cœur de la nouvelle titre « Cocktail Sugar », dans lequel une sucrerie est comme un témoin transmis entre des couples adultères.
Pour refuser l’injonction au mariage, chose presque invraisemblable, il faudrait accepter de s’exclure complètement de la société comme la narratrice de Trois jours en automne.

Qu’en est-il des enfants dans tout ça ? Dans « Le Couteau de ma mère » et « Les Chiens du soleil couchant », ils sont les témoins et victimes collatérales de l’incompréhension entre leurs parents, de leurs souffrances et de leurs mésententes.

Chacun des textes, à sa manière, se place dans l’intimité d’une (ou d’un) narrateur, souffrant dans son existence à deux, souvent forcée. 

La diversité des textes permet de s’interroger sur un problème sociétal touchant une grande partie de la population, en se concentrant pourtant sur des souffrances et des solitudes individuelles.
Un recueil idéal pour découvrir les styles de différentes autrices, certaines plus pessimistes, quand d’autres préfèrent l’humour noir et la malice. »

Librairie Le Phénix