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Librairie Saint-Christophe

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Coups de cœur des libraires

L’Ange de charbon

« M’Badjo Baldini est un Italien noir présent à Port-au-Prince le jour du séisme de 2010. De cette ville qui s’écroule, qui meurt, qui souffle, qui hante, qui crie, il va dire tous les noms, chanter toutes les douleurs, écrire sur les murs avec son charbon de bois tous les vers et les poèmes qui naissent dans l’instant de la catastrophe. Ici, il n’est pas question de roman à proprement parler, mais d’une longue plainte lancinante, où le verbe est rédempteur. Car comment sortir vainqueur de ce combat contre la nature, sinon en disant la vie, en nommant tout ce qui doit être nommé, conjurer le cancer qui coupe la ville, qui tue, qui pourrit les corps et les âmes.
Dans ce pays déjà ravagé par la pauvreté, la corruption, la dictature, c’est une voix que Dominique Batraville nous donne à entendre, celle d’un homme abruti par les mots qui veut sauver sa ville, qui vient nous dire, avec la splendide voix du poète, tout le mal que Monsieur Richter (il nomme ainsi le tremblement de terre !) a imposé à son peuple. L’ange de charbon est une mélopée grave, qui, pourtant, porte en elle toute la richesse et la sagesse du peuple haïtien. »Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe - Lesneven

Lucia Antonia, funambule

« Quand Lucia Antonia commence la rédaction de son carnet, elle a déjà quitté le cirque. Quand elle écrit, elle sait qu’elle va redonner une vie à Arthénice. De ces morceaux épars va naître un roman à nul autre pareil. Magique comme l’œil écarquillé de l’enfant devant le balancement du funambule.
C’est un livre fragile dont on tourne les pages avec toute la délicatesse qui sied aux œufs de Fabergé. C’est une œuvre sculptée dans les sables, sur les épands des paludiers, dans les humeurs des vagues, sur l’instabilité d’un fil d’araignée tissé entre deux oyats. C’est un livre sur l’absence, celle dont on ne se console pas, mais dont on se souvient avec brillance. C’est une histoire peinte en fragments, le tableau lumineux d’un peintre des orages sur la mer. C’est un livre qui ne se raconte pas, car une fois qu’on l’a lu, on a plus qu’une seule envie, le passer en cachette, sous le manteau, en disant : “Chut, lis-le, lis ça, après on en parlera, mais pas avant, j’ai envie que toi aussi tu prennes les pas d’Arthénice et de Lucia Antonia, que tu apprennes le fil, si ténu, si près de rompre qu’on ne respire pas en le lisant.” C’est un livre d’amour qui se balance entre le ciel et la terre.  » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe - Lesneven

Mais leurs yeux dardaient sur Dieu« C’est un roman culte de l’Amérique du vingtième siècle, un de ces inconnus qui n’ont pas traversé la traduction de cette vie du monde noir, de cette littérature naissante qui racontait l’histoire d’un peuple nié de sa voix, surtout de sa langue. Il y a dans Mais leurs yeux dardaient sur Dieu tout ce qui fait naître la voix, la langue, un phrasé qu’il fallait pouvoir traduire. On ne parle jamais assez des traducteurs, et quand ils s’attachent à un monument…

C’est l’histoire d’une femme, écrite en 1937, celle d’une femme aujourd’hui, celle d’une femme debout, c’est l’histoire de Janie qui va traverser son siècle, bousculer les évidences, accrocher les mots qui vont faire une vie, des vies, celle qui sera encore debout quand son homme va flancher. Il est dans ce roman tant d’amour qu’il serait indiscret d’en dire beaucoup plus.

« Janie, y a combien de temps que tu laisses Johnny Taylor te becquer de même ? »

Voilà la langue, le phrasé qui nous ramène à l’essentiel. Rien n’existe sans les mots qui se contredansent les uns les autres, sans l’idée que hier ne sera pas sans demain, bouche contre bouche et pis voilà. Janie va vivre, aimer, pleurer, hurler. Elle va renverser son monde et les hommes de sa vie ne seront ni pantins, ni hommes de paille. De Logan Killicks à Joe Starks en finissant par Tea Cake, ils traverseront le monde de Janie jusqu’ au baiser mortel.

Ici tout se dévore, les mots s’enveniment, il y a de la rage bien plus loin que dans le propos. C’est un moment entre noirs et blancs, entre croches et doubles croches. C’est un roman des années trente, celles du siècle dernier qui n’a pas pris une ride, qui nous raconte cette même histoire avec la langue d’à côté. C’est un roman qui balance la langue de tous les côtés, maltraite les évidences d’une Amérique et se donne des rigoles de sourires.

C’est un livre immense sur le monde des noirs qui apprennent la liberté, sans qu’on ne leur ait enlevé les menottes de l’esclavage. Rien que pour ça, il faut le lire, rire, pleurer, bouger, chanter avec Janie.
La traduction somptueuse est de Sika Fakambi ! » Librairie Saint-Christophe — Lesneven

Un monstre et un chaos

« Peut-être était-ce ce roman que j’attendais depuis plus de quinze ans de Hubert Haddad, celui qui saurait réconcilier l’enfant de Tunis, né juste après la guerre, lui le Séfarade qui prendrait la voix de l’Ashkénaze, lui qui raconterait un seul et même peuple disséminé au-delà de tous les continents. Oui, mais un peuple, un seul, une même voix.

Ils sont deux, Ariel et Alter. Ils ont quitté Lodz avec Shaena pour ce bourg de Mirlek. Ils ne savent pas si elle est leur mère, peut-être que oui, que non. Ils sont jumeaux, si semblables que l’un ne reconnaît pas l’autre. Nous sommes en Pologne, au moment du grand vacarme, quand les bottes allemandes vont rugir, brûler, raser bien plus qu’un monde.

Shlof, kindele , shlof…



Alors oui, il faut dormir petit enfant, éviter les cavalcades des tueurs, tenter de continuer le fil ténu d’une vie qui ne tient à rien. Ces jumeaux qui ne se distinguent en rien, c’est Meryem, celle qui va tenter de les voir différents. Ils sont mêmes, mêmes et autant différents. Jusqu’à ce moment fou où elle embrassa Alter d’un long baiser, telle une araignée dévoreuse.

C’est une fuite, entre les arbres, dans la froidure de l’hiver, quand les escadrilles viennent vrombir au-dessus du shetl, quand les mots racontent le début des exterminations, quand les noms de Chelmno, Maïdanek, Treblinka commencent à user les lèvres, râper les langues.

C’est un roman sur tout ce qui ne fait plus sens, tout ce qui devient cendres, tout ce qui est mensonge, avec cette musique de la langue que seul Hubert Haddad est capable d’écrire. Cette simple évidence qu’il n’y a rien de pire que d’être trahi par les siens, ce moment où les marionnettes racontent bien plus de vérités que les humains qui les applaudissent.

Alors, qui est Alter et qui est Ariel, tout cela n’est-t-il pas un peu de ce théâtre qui se jouera jusqu’au dernier moment dans le ghetto de Litzmannstadt, quand les fantoches tenteront une dernière fois de faire croire à qui, à quoi…



Shlof, kindele, shlof,
comme un dernier chant, dors petit enfant dors, comme une antienne maladive, un dernier cri, peut-on rendre un rêve plus grand que la nuit ?

Ceci n’est pas qu’un roman, mais le chant long et la complainte d’une marche entre les bouleaux de Birkenau et les marches de Mauthausen, le sifflement sourd des rails, le craquement des portes des wagons, le lent silence de ceux qui ont marché jusqu’aux chambres, le silence des bois alentours qui ne disent plus rien. Le givre peut-être, comme un dernier effroi. » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
Les Sœurs de Blackwater« Addictif… » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
L’Exception« Depuis ROSA CANDIDA, son premier roman traduit en français, Auður Ava Ólafsdóttir nous promène dans ses mondes imaginaires. Dans L’EXCEPTION, elle nous entraîne avec Maria, son héroïne, dans les méandres d’une vie de couple bien peu ordinaire. Quand Floki, son mari, lui annonce qu’il la quitte pour vivre avec son associé qui s’appelle…Floki, Maria tente de remonter le fil des onze années de vie commune, aidée en cela par sa voisine Perla, naine, nègre d’auteur de romans policiers, conseillère matrimoniale à l’occasion, ce qui lui permet d’émettre avis et hypothèses sur le futur de l’existence de Maria. Quand vous rajouterez à tout ceci que le père biologique de Maria débarque en Islande pour rencontrer sa fille et y mourir, vous comprendrez qu’il y a ici déjà assez de substance pour tricoter un roman où Woody Allen (dont un divan, mais je ne vous en dis pas plus…) serait magnifiquement à l’aise. Entre bavardages et marivaudages, Auður Ava Ólafsdóttir nous promène allègrement, avec beaucoup d’humour et de tendresse, dans ce fragile no man’s land des relations humaines, de ses faux-semblants et de ses non-dits, des conséquences de l’absence d’un père comme dans les difficultés d’assumer ce que l’on est, ou ce que l’on croit être. C’est un roman comme une gourmandise, avec un cœur acidulé, qui donne juste ce qu’il faut d’amertume et où celle qui tire les fils de la marionnette de la vie n’est sans doute pas celle que l’on pense. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
Aires

« Êtes-vous de ceux qui, sur les aires d’autoroute, vous demandez qui sont tous ces gens qui font la queue au restaurant, mangent sous les arbres des sandwiches en triangle, ces gens que vous croisez un jour, un seul de votre vie, qui vont imprimer vos rétines une seconde, agacer vos oreilles une seconde, toutes ces vies qui se frôlent sans jamais se toucher ? Moi, je suis de ceux-là, je les regarde remonter dans les voitures, refermer les fenêtres pour mettre la climatisation et disparaître à tout jamais de ma vie. Ils reprennent le long ruban de bitume pour leurs destinations finales.

Et Marcus Malte leur a donné vie, il nous donne la marque des voitures, le kilométrage, la valeur à l’argus. Ils nous racontent ces existences que fabrique notre société, sans juger. Ils écoutent la radio, regardent un DVD, ils sont jeunes ou vieux, beaux ou pas,elle pense à tromper son mari, il prend un auto-stoppeur qui veut juste aller « Ailleurs ». Le seul point commun qui les rattache tous aux autres, c’est leur présence sur l’autoroute ce même jour.

Aires pour des errances ou qui sait déshérence tout court, car de chaque vie naît une histoire singulière qui n’a, à priori, aucune raison de rencontrer l’autre, mais va savoir, il y a ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croyaient pas. On avance dans la journée, les journaux à la radio égosillent les nouvelles du monde et on peut dire qu’elles ne sont pas bonnes. On finit par en aimer certains et détester les autres, on rit des petites mesquineries comme des grands effrois. On laisse Marcus Malte détricoter tous ces destins qui immanquablement…

C’est un roman sur cette autoroute que nous prenons en ce moment un peu tous à contre-sens, attirés par les feux de l’accélération du temps, qui nous renvoie à nos propres peurs, et nous laissent pantois dans un ultime chaos dont seul Placido saura continuer la marche. » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven

L’Île du Point Némo« C’est drôle, je n’ai même pas envie de vous en parler, juste envie de vous dire pourquoi je l’ai aimé dès les premiers mots. C’est un livre qui m’a ramené à ma jeunesse, quand j’aimais les grands livres d’aventures, quand je me relevais la nuit pour finir un Jules Verne, quand j’attendais la fin des classes pour rouvrir un Siudmak, quand je prétextais une maladie pour rester au fond de mon lit avec un Bob Morane (si si, Bob Morane, c’était extrêmement jouissif !!!). Bref, je voulais vous dire qu’il y a tout ce dont vous avez rêvé dans ce roman qui va vous emmener à la rencontre de multiples mondes, dans de prodigieuses aventures, dans des mystères insondables, à la rencontre de personnages inoubliables. Bref, je voulais vous dire qu’il vient juste de sortir, et qu’il ne faut pas le rater ! » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
Fannie et Freddie« Dans ce recueil de deux longues nouvelles, Marcus Malte nous balance deux coups de poing en plein visage. La vie, d’après Marcus, n’est jamais un long fleuve tranquille, que ce soit à New-York où se passe la première nouvelle ou à la Seyne-sur-Mer où se passe la seconde. (...) Bouleversante d’un bout à l’autre, cette nouvelle prouve encore une fois tout le talent de Marcus Malte. » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
LoveStar« Aussi, acceptez de prendre leurs pas et plongez dans ce bouquin aussi fou qu’un film de Terry Gilliam. Tout est foutraque et pourtant tout est vrai, car ici vous apprendrez réellement comment tomber dans la gueule du loup, vous serez convaincu d’être victime de la liberté, vous comprendrez ce qu’est l’Apocalypse et aussi qu’Adam et Eve s’appelaient peut-être finalement Indriði et Sigríður ! » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
« Mâ en Japonais veut dire l’intervalle, la distance, mais pas celle qui éloigne, au contraire, celle qui unit. Dans ce nouveau roman, Hubert Haddad nous redonne à lire son japon, celui qui justement relie les êtres et les choses, le passé et le présent, le présent et le futur, car il est question de ce siècle qui a conduit ce pays d’une certaine forme de Moyen-Age jusqu’à l’inéluctable Fukushima. Mâ va nous mettre dans les pas de Taneda Shôichi. Shôichi a profondément aimé Saori, une femme qui a étudié l’œuvre immense du grand haïkiste Santôka. C’est dans la marche que Santôka a puisé l’inspiration, alors c’est ainsi que Shoîchi va tenter de retrouver le Maître. Dans cette traversée du pays, il va se confronter, non seulement aux éléments de la nature, au froid, au vent, à la pluie, mais aussi aux gens, aux malédictions, aux coutumes, aux faux-semblants.
C’est tout le talent d’Hubert Haddad de nous mener par le bout du nez dans cette aventure qui va traverser le vingtième siècle, en nous faisant poser toutes les questions qui valent sur l’existence, sur la foi, sur le minuscule de notre propre existence par rapport à la grandeur de l’univers, tout en nous distillant des haïkus immenses et prophétiques. Un texte encore une fois habité par la nécessité de la littérature pouvant sauver le monde, si du moins on prend le temps de s’y arrêter entre deux marches, deux routes, à cet instant précis où le « Mâ » se reconnaît tout simplement. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
Corps désirable« C’est un roman étrange et fantastique que nous livre ici Hubert Haddad, une mise en abyme étonnante sur une société capable de domestiquer la mort, en permettant à une tête de survivre à l’incapacité motrice de son propre corps, et pourquoi pas à l’infini…

Écrit dans cette urgence nécessaire qui caractérise l’auteur, Corps désirable est un conte apocalyptique sur l’identité, mais aussi sur la chimie complexe mais éternelle du désir. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven

Popa Singer« Il y a les mots qui transgressent la bêtise des hommes. Ceux de René Depestre sonnent comme un oriflamme à la gueule des imbéciles, et ça fait beaucoup, beaucoup de bien ! » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
Le rouge vif de la rhubarbe« C’est le tout premier roman d’Auður Ava Ólafsdóttir que les Éditions Zulma nous confient en cette rentrée littéraire. Si je dis bien confier, c’est parce que c’est un roman fragile, tout comme son héroïne, la douce Ágústína. Née à l’arrière d’une voiture brinquebalante d’une mère extravagante et d’un père inconnu, Ágústína se perd dans les paysages sublimés de l’islande, Ágústína rêve, aidée en cela par Vermandur, ce père qu’elle n’a pas eu. Avec ses jambes de coton, elle sait qu’elle ne peut rêver qu’à ses limites, mais n’est-il pas vrai que lorsque qu’on ne sait pas qu’une chose est impossible, on peut la réaliser. Encore une fois, Auður Ava Ólafsdóttir nous enchante avec un roman lunaire et magique où chaque personnage recèle en lui cette petite lumière de folie qui, non seulement nous fait sourire, mais nous entraîne bien plus loin que l’on aurait pu penser. Comme une goutte de rosée, ce roman est fragile, transparent et délicat. Prenez garde à ce qu’il ne vous échappe… » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
Le Garçon« C’est un homme sans nom, un homme sans passé et qui dit sans nom dit sans père, surgi du fond de la terre, de la forêt, de la mer qui sait, un homme sans nom n’a pas de lieu, ni d’enfance, ni rien qui puisse le faire pleurer, ou le faire rire, rien qui ne puisse lui apprendre la douleur, le manque, sait-il même ce qu’il porte sur son dos. Il avance comme une hydre bossue, il arrive de nulle part, il a faim, il a froid, il a le monde sur son dos, il a mal, il a peur, il avance le ventre vide et le dos courbé, il n’a pas de nom, il est le garçon. Il avance vers le monde connu, connu de tous, mais pas de lui, ni de sa mère qui meurt sur son dos. Nous sommes en 1908, ce monde a huit ans aurait dit Hugo et le garçon avance vers le monde qui parle. Le garçon apprend le monde en couleurs, les voix, les cris, les odeurs. Ce qui va suivre dans le roman sera l’apprentissage de la vie, auprès d’Emma qui va le faire naître à l’amour, tantôt femme, amante, mère aussi, sans qu’il n’existe toujours en tant que nom. Il sera celui qui la fait jouir, la fait pleurer, celui qui lui donne envie de meurtre sur la première qui d’une touche de piano lui donne envie de regarder ailleurs. Puis la guerre, celle de 14, celle qui réduit l’homme en copeaux humains, celle qui humilie, celle qui finit par donner un nom au garçon, dans les bombes, les bras arrachés, les crânes sans cerveaux, les jambes estropiées, le garçon se faufile et Emma l’attend, lui écrit, sans que jamais il ne sache lui répondre. Un jour, oui un jour, les balles se fracassent sur le garçon et c’est un autre livre qui s’ouvre. Un livre qu’il ne me sert à rien de vous dire, c’est à vous de l’ouvrir, de venir rencontrer le garçon et Emma, de venir vous blottir contre eux, jusqu’à la fin, car tout livre à une fin, celle-ci ira encore vous livrer une autre aventure. Si ce garçon n’a pas eu de nom, il aura traversé sa vie comme une flèche qui sur son dernier promontoire regardera les condors tournoyer et tournoyer encore, les seins d’Emma dans les yeux, les hanches d’Emma dans les yeux, Emma, tout simplement. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
By the rivers of Babylon« Savez-vous qu’à Augustown, quartier de Kingston, Jamaïque, on ne rigole pas beaucoup avec les dreadlocks. Aussi, quand Monsieur Saint-Josephs a coupé les tresses de Kaïa, comment ne pouvait-il pas imaginer que toutes les foudres des esprits allaient finir par fondre sur lui et l’engloutir tout entier au moment de l’autoclapse, ce moment où l’Apocalypse, oui, entendez-vous bien, vous les gens de peu, les gens de rien, rien de moins que l’Apocalypse !!! Heureusement, Ma Tafy, la grand-mère de Kaïa connaît tout ce qui tisse la communauté, toutes ces légendes rastafaris qui circulent de bouches en bouches, la nuit. Et il y a Gina, la mère, celle qui va apprendre, sortir du ghetto, tenter d’aimer Matthew, le blanc, même si comme dit Ma Tafy : “Laisser un idiot t’embrasser, passe encore, mais laisser un baiser faire de toi une idiote, ça non !” Alors Matthew s’en ira bien sûr et les dreads de Kaïa traîneront sur le sol comme de vieux chiffons sales. Gina fera alors ce qui lui restait à faire, prendre des rues qu’elle ne connaît plus, retourner jusqu’à l’école de Monsieur Saint-Josephs. Alors le poète qu’est Kei Miller prend la voix de la douleur, les mots s’envolent vers cette rumeur qui enfle, Gina avance encore franchit la porte… C’est le temps de l’autoclapse, le temps de la fin des temps, la fin du livre qui laisse sans voix, la gorge nouée, le ventre vide, je crois même la larme qui coule de l’œil mort. Alors, vous remettez le 33 tours sur la platine, le disque est vieux, craque un peu… Redemption Song et ses trois accords, la nuit est calme, l’esprit de Gina vole ici ou là-bas, enfin quelque part. » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven
Ör« Est-ce l’histoire d’un homme ou celle de l’humanité qu’Auður Ava Ólafsdóttir vient ici d’écrire ? Mais celle d’une humanité glorieuse, celle qui répare, avec une perceuse et trois bouts de scotch tout ce que d’autres hommes se sont acharnés à détruire. Dans ce nouveau roman, qui est à coup sûr le plus beau, elle nous bouscule dans toutes nos certitudes en empruntant la voix de Jónas, célibataire divorcé, entouré de ses trois Guðrun, sa mère, sa fille, son ex. Désabusé de son existence sans saveur, il va partir dans un autre bout du monde, ravagé par la guerre avec une seule idée en tête. Et je ne vous dirai pas laquelle ! 
Dans l’hôtel où il arrive, la plomberie est défaillante, les portes grincent, les mines encombrent les jardins et les champs et estropient les rares habitants qui restent, ceux qui n’ont pas été passés par les armes. Dans cette ville qui n’en est plus une, Jónas va rencontrer May et son fils Adam, devenu sourd à cause des bombes, ainsi que son frère, Fifi, avec qui elle gère tant bien que mal l’hôtel. Et c’est dans cette ville arrêtée, dans un cessez-le-feu incertain, que Jónas va devoir se rendre utile. Il commence par la douche, et chaque petite réparation devient une fleur dans les gravats. Alors, chaque personnage commence à se dévoiler, à ouvrir ses portes et fenêtres bloquées par la guerre. Le roman prend alors une ampleur incroyable, se libère et nous libère de l’oppression. Jónas va oublier pourquoi il était venu ici, un peu comme Arnljótur dans Rosa candida, et fera finalement ce qu’il n’avait absolument pas voulu faire. Roman intense, d’une finesse d’écriture remarquable, Auður Ava Ólafsdóttir nous transporte encore une fois dans ses mondes qui n’ont pas de nom, sauf peut-être celui de Ör qui veut dire “cicatrices” en islandais, celles que Jónas vient panser avec cette inadvertance qui sied aux hommes de bontés. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven
Les Rois d’Islande« Voulez-vous connaître l’histoire de l’Islande, du nord au sud et du sud à l’ouest ? C’est très simple, il suffit de se rendre à Tangavik et de demander un Knudsen. A Tangavik, le Knudsen est une espèce invasive. On pense que le Knudsen a colonisé l’Islande, peu ou prou, puis a inventé l’Islande. Le Knudsen est de ces familles qui ont des choses à dire sur tout ce que fait l’Islandais, sur tout ce qui fait l’Islande, sa singularité, car le Knudsen a été de tous les combats. Ministre ou alcoolique ou les deux à la fois, ils ont fondé des conserveries et n’ont fini par ne rien conserver, car tel est le Knudsen, disons-le tout cru, le Knudsen pète parfois plus haut que son cul, et c’est à cela qu’on le reconnaît !

Autant vous dire que s’aventurer dans ce roman n’est pas une sinécure, simplement une odyssée, une plongée dans un monde que nous ne pouvons imaginer, tant l’imagination du romancier islandais est bien plus folle que celle de Christine Angot…

Bref, c’est 326 pages de bonheur brut, intense, cruel, mais terriblement salvateur ! » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven

Evangelia« Il y avait déjà les quatre évangiles du Nouveau Testament, plus les évangiles apocryphes, et voilà que David Toscana (pour notre plus grand bonheur !!!) nous en rajoute un autre, certainement le plus jubilatoire de tous !

Car au lieu de Jésus, voici, donc Emmanuelle, née de l’Esprit Saint et de Marie ! Dieu, dans son royaume, n’a pas réellement veillé à assurer la procréation assistée, et voilà ce qui arrive quand on délègue le boulot à un archange légèrement porté sur la boisson !

David Toscana s’amuse, non seulement à revisiter les Évangiles, mais à en faire un nouveau qui reprend totalement les quatre autres, avec simplement cette petite dose d’ironie et d’irrespect propre à tout auteur latino-américain, surtout quand il est question de religion.

Je ne vous raconte pas la fin de l’histoire, vous la connaissez aussi bien que moi, sauf qu’encore une fois, les pirouettes littéraires du romancier nous entraînent dans les folles aventures d’une Emmanuelle plus charnelle qu’on n’aurait osé l’imaginer au début. Si j’osais, je vous dirais que ce fabuleux roman est une divine surprise !!! » Librairie Saint-Christophe — Lesneven

Épépé« Si vous ne connaissez pas encore la magnifique collection de poche des éditions Zulma, je ne saurais trop vous conseiller d’y entrer avec ce livre absolument fabuleux d’un auteur hongrois, Ferenc Karinthy: Epépé ou l’art de se perdre à tout point de vue!

Vous prenez l’avion pour aller assister à un congrès de linguistique à Helsinki, jusque là, rien que du très normal. Vous vous endormez dans l’avion et quand vous en descendez, la première impression qui vous gagne est que cette ville ne ressemble pas vraiment à Helsinki. Comme vous avez oublié votre montre, il vous est impossible de savoir combien d’heures vous avez dormi, donc d’imaginer dans quel coin de la planète vous avez atterri. Voici ce qui arrive à Budaï, linguiste confirmé qui se retrouve en un endroit inconnu, où les gens parlent une langue inconnue, où rien ne ressemble à quelque chose de connu. De plus, l’écriture de ce pays semble encore plus inconnue que tout ce qu’il y a d’inconnu dans cette équation fantastique. Mais comme il est un homme raisonnable et raisonné, Budaï va tenter de comprendre la langue qui reste aussi hermétique qu’un sas de banque suisse. En se rapprochant de Epépé ( à moins que ce ne soit Bébé, ou Etiétié ou Edédé, ou Vévé, cette langue montre d’étranges signes de variation!!!) jeune fille qui s’occupe de l’ascenseur de l’hôtel, il pense pouvoir communiquer, mais…

Au fur et à mesure qu’on suit Budaï dans ses efforts désespérés de comprendre, puis de fuir cette ville, on se rend compte de l’importance primordiale de la compréhension du monde dans lequel on vit pour ne serait-ce qu’y survivre, que l’absence des codes sociaux, moraux peuvent nous détruire à petit feu. Dans cette folie qui se dessine tout autour de lui, Budaï ne veut pas se résigner et il n’aura de cesse de tenter de sortir de ce cauchemar. Ferenc Karinthy réussit avec ce livre à nous captiver totalement, à nous entraîner dans les pas de Budaï, jusqu’à ce qu’on referme le livre, que l’on regarde autour de soi, alors on se pince, on se frotte les yeux, non tout va bien, allez, on va dire que tout va bien, ce n’était qu’une hallucination ! » Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe — Lesneven