« “Peut-être qu’elles aiment chevaucher la nuit, enlacées à une ombre, dans les ténèbres et le néant …”
Par un soir sans soupir, Doruntine frappe à la porte de la maison familiale, dont elle n’a pas franchi le seuil depuis son mariage au loin, il y a trois ans. À la première question de sa mère, Doruntine répond que c’est son frère Konstantin qui l’a ramenée, conformément à sa bessa, sa promesse de la conduire à sa mère sur simple demande de cette dernière. Or, jusqu’à ce soir, la promesse ne fut pas honorée, et pour cause, Konstantin est mort et enterré ! Pourtant, Doruntine a bel et bien chevauché aux côtés d’un cavalier prétendant être son frère, mais elle avoue déjà à demi-mot ne pas avoir vraiment vu son visage… Face aux superstitions et autres rumeurs hérétiques, le capitaine Stres flaire une fumisterie sentimentale relevée par une mise en scène obscure, et malgré sa propre ambivalence à l’égard de la revenue, il hisse haut sa raison et son savoir-faire, quitte, au bout du conte, à tourner le dos à ses premiers préceptes. Au cœur d’une Albanie gardée par ses villages enclavés, Ismaïl Kadaré se joue des légendes et leur couperet, menant tour à tour son huis clos dans les pas d’une enquête rationnelle puis dans les bras du mystère, réveillant ainsi des dualités séculaires venues finalement taquiner l’âme d’un seul homme … Ce récit est de ceux qui vous happent entièrement, épopée nocturne et cadencée, avant de vous rendre à l’ordinaire criblé de flèches fantasmagoriques. » Typhaine, Librairie Payot Rive Gauche – Genève