« Être libraire, c’est lire des dizaines de livres, et surtout des nouveautés avouons-le : il est parfois difficile de s’accorder le temps d’un livre sorti il y a deux, cinq, dix ou cent ans. Et donc il y a des lacunes qu’on brûle de combler. Parmi les miennes, il y avait Jean-Marie Blas de Roblès, qui m’a été recommandé tant par des lecteurs que des collègues, tous plutôt dithyrambiques. Alors, ni une ni deux, lorsqu’un nouveau livre signé de sa main est paru, je me suis lancée dans l’aventure ! Car pour une aventure, c’en est une belle. On est en Chine, avec deux expatriés, Roetgen et Bervely. Roetgen rencontre Beverly. Non seulement elle est américaine, repère occidental mais exotique dans une Chine dépaysante, mais en plus, âgée de 20 ans de plus que lui, elle semble avoir vécu mille vies. C’est ce qu’on lui a dit d’elle et il ne lui en a pas fallu beaucoup plus pour que ça l’intrigue et le fascine, notre jeune Roetgen (et nous pareil d’ailleurs).

Il se trouve d’ailleurs qu’il écrit un peu, et, entre leurs nuits torrides, elle va lui demander de la distraire avec ses histoires pendant qu’elle lui livrera des bouts de sa vie. Les récits de Roetgen sont légèrement invraisemblables, ou en tout cas confinent à l’absurde, mais jamais autant que les aventures de Beverly. Du coup on se retrouve avec entre les mains l’histoire de ces deux personnages, l’un d’abord fébrile puis inventif puis lassé, l’autre aventureuse ou mythomane ou complètement folle. On devient lecteur-jongleur, parce que dans la fiction même on se retrouve à démêler le vrai du faux ou alors non, finalement on ne va rien démêler du tout parce que c’est là tout l’intérêt des histoires qu’on se raconte avant d’aller dormir non ? En tout cas, Jean-Marie Blas de Roblès est un conteur hors-pair, virtuose de la narration. C’est un régal ! » Librairie La Soupe de l’Espace — Hyères