« Il faut user de ce terme avec parcimonie, pourtant je n’hésiterai pas à qualifier ce roman de chef d’œuvre. Par son ampleur romanesque tout d’abord : voici plus de 500 pages où l’on suit la trajectoire du Garçon, de 1908 à 1938. Le garçon, on ne lui connaît pas de nom, pas de prénom : il a grandi seul avec sa mère, à l’état sauvage, dans une contrée reculée de France. De sa voix, on n’entendra pas une seule fois le son tout au long de sa vie, car si le garçon comprend le langage, il ne le parle pas. Le roman débute alors que le garçon porte sa mère mourante sur son dos (…) Dès lors le garçon quitte l’abri qu’il a toujours connu, marche pendant des jours jusqu’aux limites de son territoire et franchit le seuil d’un nouveau monde, celui des premiers hameaux et hommes qu’il découvre alors. Ayant le défaut d’être différent, il se heurte à la suspicion des villageois ; le voici de nouveau sur les routes, à reprendre le chemin de l’errance et des rencontres…parfois lumineuses. Ainsi le tonitruant Brabek qui sillonne le pays à bord de sa roulotte, et plus tard Emma…ah, Emma, « une femme qui sera pour lui sœur, amante et mère » tandis que la Grande Guerre le plonge trop vite dans la plus grande violence. Les soubresauts de l’histoire ne cesseront d’emporter le garçon vers d’autres rives… La grandeur de ce roman ne pourrait tenir qu’à la richesse des thèmes explorés. Mais il l’est aussi par son écriture éblouissante, virtuose, d’une puissance visuelle à vous faire frissonner de la tête aux pieds. Il l’est enfin par sa construction narrative totalement maîtrisée, jamais convenue ni attendue, qui alterne accélérations dans le temps et instants suspendus qui s’étirent sur plusieurs pages avec grâce et poésie. Une lecture rare et inoubliable. » Librairie-Café La Suite — Versailles