Funambule dans le cirque créé par son grand-père, Lucia Antonia présentait un numéro de funambule avec sa partenaire, complice et amie Arthénice. Mais la chute de sa “jumelle” va l’obliger à s’exiler sur une presqu’île afin de ne pas porter malheur aux autres membres du cirque.

Mais comment continuer à vivre lorsque l’on a perdu celle qui était “comme un miroir” de soi-même ? En consignant souvenirs et sentiments dans un carnet. “Les pensées que j’ai d’Arthénice me sont dictées par elle depuis son séjour dans les limbes des équilibristes. Je les laisse venir sans honte et les consigne ici malgré la promesse faite à mon père de ne rien écrire. Qui, d’ailleurs, voudrait me lire ? J’écris pour me taire et ne penser à rien.”

Bribes par bribes, par petites touches oscillant entre passé et présent, le lecteur découvre la rencontre des deux jeunes filles, le lien si fort qui les unit dès le début, leur entente complice sur terre comme sur le fil. Sans larmoiement, avec retenue et sensibilité, Daniel Morvan nous laisse approcher cette douleur qui semble insurmontable (Lucia Antonia se sent responsable de la mort d’Arthénice) mais qui, au fil des rencontres et grâce aux mots couchés sur le papier, va s’atténuer et faire redécouvrir à Lucia Antonia le plaisir de déambuler sur un fil.

Entre ciel et terre, un livre empli de sensibilité, d’espoir et de rêve. Une écriture douce et poétique qui construit un fil (celui du funambule ou celui de la vie ?) sur lequel je me suis promenée sans peur et avec beaucoup de plaisir.