« Il n’y a rien de plus drôle qu’un quiproquo pour commencer une histoire, et en matière de quiproquo Narayan est loin d’être un amateur. Tout juste sorti de prison, Raju passe la nuit dans un temple abandonné et le lendemain matin, il découvre un paysan venu demander conseil au sage qu’il semble être. Un ex-détenu prêchant la bonne parole, nous aurons tout vu ! Néanmoins, la tromperie est le lot quotidien de notre narrateur qui va nous parler sans complexe des circonstances de son arrestation. Pour faire le point, rien de tel que de se remémorer les grandes étapes de sa vie. Raju n’était certes pas un bon élève ni un fils discipliné, mais en grandissant, il acquiert la capacité de s’adapter aux gens qu’il rencontre et aux situations. C’est ainsi que de commerçant il passe guide touristique pour finir par devenir une sorte d’imprésario. Comme vous l’aurez certainement compris, la vie de cet homme est complexe mais il l’aborde avec une telle nonchalance que nous pourrions finir par croire qu’il se moque du monde. Rien ne l’intéresse, sauf lui-même, et les quelques remords qu’ils éprouvent pour les autres sont aussi soudains que fugaces ; mais s’il est vrai que nous avons tous une destinée sur cette planète, Raju le découvrira à ses dépens car lorsqu’on se retrouve face à l’inévitable pourquoi essayer de se battre ? Attention, ne voyez ici aucune preuve de lâcheté car se serait un affront pour cet homme qui nous démontre que le plus grand des filous peut devenir un saint.
Voilà plus de dix ans que Narayan nous a quitté et heureusement que les éditions Zulma sont là pour confirmer que les écrits restent car, excepté le roman pour la jeunesse UN TIGRE POUR MALGUDI, seul LE GUIDE ET LA DANSEUSE est encore disponible dans la littérature pour adulte. C’est fort dommage car après avoir lu ce merveilleux ouvrage, on a qu’une envie : en découvrir un autre… » Marilyn Anquetil, librairie Mollat — Bordeaux