Driss Chraïbi

Driss Chraïbi

Né en 1926 à Mazagan (El Jadida) dans une famille originaire de Fès. Après ses débuts à l’école coranique, il étudie à l’école M’hammed Guessous de Rabat et au Lycée Lyautey de Casablanca. En 1945, il s’installe à Paris, afin de poursuivre des études d’ingénieur chimiste, avant de s’orienter vers la littérature. Écrivain précurseur, il fut révélé par Le Passé simple (1954) qui fait entrer le roman marocain dans la modernité, tant par le thème que par la langue et le style, remettant en question une société patriarcale sclérosée et osant affirmer l’identité individuelle. À ses critiques qui lui reprochent de faire le jeu du colonisateur, alors que le Maroc est en lutte pour son indépendance, il riposte avec Les Boucs (1955), une charge féroce contre le sort fait aux immigrés maghrébins en France. S’ensuit une longue carrière de romancier : une vingtaine de romans et recueils de textes, des mémoires et des livres pour enfants. Toujours devancier, il traite des thèmes souvent dérangeants : la société de consommation : Un ami viendra vous voir (1967) ; la condition de la femme : La Civilisation, ma Mère !… (1972) ; le rapport au pouvoir : Une enquête au pays (1981). Il est le premier à mettre en évidence l’apport berbère dans l’histoire du Maroc : La Mère du printemps (1982) ; Naissance à l’aube (1986) avant de remonter aux sources de l’Islam dans un roman spirituel et poétique : L’Homme du livre (1994). Innovant encore dans le genre du roman policier, il met en scène son héros, l’inspecteur Ali, abordant les thèmes brûlants avec une grande liberté de ton et un humour décapant. Tout aussi riche et diversifiée, son oeuvre radiophonique contribue à créer des passerelles entre les cultures, à travers la production d’émissions telle que « Résonances spirituelles » et la création ou l’adaptation de fictions. Il meurt le 1er avril 2007 à Valence, dans le département de la Drôme.