Pansori : Forme spécifiquement coréenne d’art dramatique, joyau incontesté de la littérature de Corée. Le pansori est un opéra interprété par un comédien unique, le gwangdae, à la fois récitant, acteur et chanteur, qui incarne tour à tour les rôles successifs du drame représenté.
L’interprète (dans la tradition un homme, aujourd’hui généralement une femme), soutenu par un joueur de tambour qui rythme les parties chantées et ponctue le récit de brefs encouragements, module sa voix tantôt puissante et rugueuse, tantôt suave et vibrante d’émotion, dans des registres et des variations d’une étonnante diversité. Il anime son récit par l’expression changeante du visage, le balancement de son corps, une gestuelle précise avec pour uniques accessoires un éventail et un mouchoir. Les artistes les plus célèbres, classés « Trésors nationaux vivants », continuent aujourd’hui de transmettre leur art aux jeunes générations dans le cadre des conservatoires.
La représentation, donnée en plein air dans la tradition (aujourd’hui au théâtre), peut durer jusqu’à cinq ou six heures.
Le pansori a pris forme au début du XVIIIe siècle à partir de chants d’inspiration chamanique de la province du Jeolla (sud-ouest de la péninsule). C’est au XIXe siècle qu’il a atteint son maximum de popularité, le matériau littéraire s’étant enrichi en puisant dans les romans ainsi que dans le répertoire de la poésie chinoise classique. D’origine populaire, le pansori fait une large place à la satire dirigée contre la classe des yangban (aristocrates et propriétaires terriens) où s’expriment les griefs du petit peuple.
Shin Jae-hyo, musicologue (1812-1884), a recueilli ces textes, constituant un corpus de douze pansori. Seule la moitié d’entre eux figure au répertoire des interprètes contemporains. Mais on constate aujourd’hui, en Corée, un puissant regain d’intérêt pour le genre.
Im Kwon-taek, avec son film La chanteuse de pansori (1993), a contribué à faire connaître le genre en dehors de la Corée.