Ces huit nouvelles s’enlacent et se dénouent avec ce même charme unique fait d’enchantement amoureux et de cruauté inconsciente, de songeries amères et tendres, de conflits cocasses ou tragiques…

Car la société indienne aujourd’hui, extraordinairement complexe, met aux prises plusieurs mondes, plusieurs époques même : l’ancestral système des castes avec ses superstitions et ses proscriptions, l’intrusion de la modernité occidentale qui, dans les années quatre-vingt où se situent ces histoires, commence à menacer les croyances et les pouvoirs locaux, et en mémoire toujours présente, la vieille éducation britannique à la mode brahmane. Sans compter les colorations diverses des us et coutumes au gré des vingt-huit États indiens, des vingt-trois langues et des multiples affiliations religieuses et politiques.
Sur ce sol instable, en pleine évolution, Anjana Appachana montre avec grâce et empathie les chemins difficiles de la libération de la femme indienne. Ces huit nouvelles, on s’en doute, sont nourries d’une riche expérience personnelle et témoignent d’un sens aigu de la description dans les moindres détails des comportements, des mœurs et du décor.
D’une histoire à l’autre, on est pareillement envouté par l’héroïne, fillette ou jeune fille, qui se débat au milieu des drame et des préjugés de la famille et du voisinage, et les situations se répondent si bien, depuis l’enfance jusqu’aux crises de l’âge adulte, qu’en éprouve très vite le sentiment d’être dans l’espace multiple et concerté du roman, toutes les nouvelles déployant les événements heureux ou dramatiques de la vie traditionnelle d’une famille de la petite bourgeoisie indienne.