« Marcus Malte, inclassable lauréat du prix Femina avec “Le Garçon”

Paru en août, le dernier roman de Marcus Malte laissait le genre du polar pour se consacrer au récit d’initiation et à une critique acerbe du XXe siècle. Son audace a été récompensée.

Les lecteurs de romans noirs ont de quoi se réjouir : Marcus Malte (48 ans) n’a pas rangé ses colères, sa poésie rugueuse, son amour pour le jazz et la nuit, l’histoire et ses soubresauts, en recevant les lauriers des dames du Femina 1. pour son dernier roman, Le Garçon. Il a toujours été comme ça, inclassable et aventurier, dynamitant les codes, jouant des coudes pour filer ailleurs. Dès ses premiers ouvrages, Le doigt d’Horace en 1996, suivi du Lac des singes,l’année suivante, il jongle avec les thèmes du polar : Paris la nuit, un musicien de jazz surnommé Mister et, derrière lui, Bob, un chauffeur de taxi qui n’aime pas rentrer chez lui.

Puis, le romancier file au loin pour des histoires d’amour violentes et improbables (Carnage, constellation) ou des récits oniriques qui n’ont rien à voir avec les contes de fée (La part des chiens). Après le très beau Garden of love, en 2007, où il semble hésiter entre la réalité et ses fantômes, Marcus Malte retrouve en 2011 son duo des débuts, Bob et Mister, traînant dans les rues en quête de de la femme perdue et cherchant les notes secrètes que forment Les Harmoniques (Série Noire).

Lyrisme et description de la cruauté
Dans ses nouvelles aussi (Canisses, Far West, chez In8, Fannie et Freddy chez Zulma), Marcus Malte quitte la ville pour un monde de bouseux américains, de voisins trop curieux, avant de retourner en ville pour accomplir une vengeance froide au cœur de Manhattan…

Avec Le Garçon, paru en août dernier chez Zulma, Marcus Malte se permet tous les grands écarts : balayer trente ans d’histoire en compagnie d’un enfant sauvage et mutique devenu saltimbanque, héros ou chair à canon. Une épopée, dirait-on, et dont l’écriture change quand le personnage bat la campagne ou tombe amoureux. Un roman d’initiation, sans doute, avec une partition musicale et un désir de disséquer un XXe siècle qui ne sent pas la rose. Marcus Malte n’a pas peur du lyrisme, comme il ne craint pas de décrire la cruauté des guerres et leurs cortèges de monstres. Le Garçon est une fresque vertigineuse, traversée par un homme seul. »

Christine Ferniot, Télérama
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