« Mâ en Japonais veut dire l’intervalle, la distance, mais pas celle qui éloigne, au contraire, celle qui unit. Dans ce nouveau roman, Hubert Haddad nous redonne à lire son japon, celui qui justement relie les êtres et les choses, le passé et le présent, le présent et le futur, car il est question de ce siècle qui a conduit ce pays d’une certaine forme de Moyen-Age jusqu’à l’inéluctable Fukushima. Mâ va nous mettre dans les pas de Taneda Shôichi. Shôichi a profondément aimé Saori, une femme qui a étudié l’œuvre immense du grand haïkiste Santôka. C’est dans la marche que Santôka a puisé l’inspiration, alors c’est ainsi que Shoîchi va tenter de retrouver le Maître. Dans cette traversée du pays, il va se confronter, non seulement aux éléments de la nature, au froid, au vent, à la pluie, mais aussi aux gens, aux malédictions, aux coutumes, aux faux-semblants.
C’est tout le talent d’Hubert Haddad de nous mener par le bout du nez dans cette aventure qui va traverser le vingtième siècle, en nous faisant poser toutes les questions qui valent sur l’existence, sur la foi, sur le minuscule de notre propre existence par rapport à la grandeur de l’univers, tout en nous distillant des haïkus immenses et prophétiques. Un texte encore une fois habité par la nécessité de la littérature pouvant sauver le monde, si du moins on prend le temps de s’y arrêter entre deux marches, deux routes, à cet instant précis où le « Mâ » se reconnaît tout simplement. » Librairie Saint-Christophe — Lesneven