« L’amour de Jacques Roumain pour sa terre natale transpire dans chaque mot, dans chaque phrase. On sent les heures de contemplation des paysages haïtiens dans les descriptions des alentours du village de Fonds-Rouge, on sent la tendresse infinie envers le peuple haïtien dans la description des hommes et des femmes qui habitent ce village. Le créole, de même, est omniprésent. Les quelques mots intraduisibles ou volontairement non traduits, comme chez Istrati les mots roumains, tsiganes ou turques, avec l’oralité incroyable des dialogues, nous transposent en terre haïtienne pendant les quelques heures de lecture.

En quoi un roman écrit dans les années 1940 et qui décrit une situation bien particulière arrive à parler au-delà des décennies à des personnes vivant une toute autre réalité ? C’est peut-être là qu’on peut commencer à parler d’œuvre intemporelle ou bien de chef-d’œuvre. Tout en pesant ces mots, cette qualification s’impose. La quatrième de couverture nous le présente ainsi (comme oh combien de quatrièmes de couverture), mais c’est seulement en refermant le livre, des semaines plus tard, avec toujours l’écho des chants des coumbites dans les oreilles et les paysages désolants des mornes haïtiens dans les yeux qu’on acquiesce. La rencontre a bien eu lieu et nous en sommes reconnaissants. » Librairie Kyralina