« À l’encre noire et sur deux continents, le destin d’anonymes broyés par les tourmentes de la désindustrialisation et de la crise des subprimes. Personnage central du récit éponyme, Fannie semble d’entrée de jeu légèrement inquiétante, sans doute à cause de cette raideur apparente du buste et du cou dont elle dissimule habilement la cause sous sa frange, un œil de verre. Cette raideur lui vaut le surnom de Minerve. « Déesse de la sagesse et de la fureur guerrière », Fannie se fait le bras armé d’une vengeance démente et meurtrière en réponse à la folie économique, une implacable descente aux enfers depuis le parking d’un immeuble de bureaux cossu de New-York jusqu’à Bethlehem en Pennsylvanie, une ancienne ville sidérurgique doublement sinistrée par la fermeture des hauts-fourneaux et la crise de 2008. Ces deux mondes totalement étanches, même si l’un se nourrit de l’exploitation de l’autre, entrent en collision brutale dans cette novella à l’écriture nerveuse, huis-clos éprouvant quoiqu’assez attendu. Empreinte de tristesse, plus touchante et moins folle, la deuxième nouvelle, « Ceux qui construisent des bateaux ne les prennent pas », se déroule dans l’ombre des grues rouillées des chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, ville de résidence de Marcus Malte. Ingmar Perhsson, inspecteur de police rongé par les remords, cherche à élucider la mort de son ami d’enfance tué d’un coup de feu sur la plage vingt-sept ans plus tôt. Convaincu qu’il ne s’agissait pas d’un accident mais bien d’un meurtre, Ingmar rumine les passés envolés de la ville et de son meilleur ami, tout en arpentant la plage des Sablettes, le crâne vrillé par des migraines qui le ramènent à sa tentative de rédemption, toujours inachevée. » Librairie Charybde — Paris