Tagore montre admirablement l’évolution des sentiments et, de facto, la transformation des rapports : de l’enjouement gracieux de Chârulatâ à la passion dévoratrice, puis au désenchantement dans son « temple de chagrin », de l’insouciance du jeune homme jusqu’à sa découverte fascinée et manœuvrière des sentiments qu’il inspire.
L’auteur avait 39 ans quand il écrivit Chârulatâ. Plusieurs de ses biographes ont vu dans ce court roman le souvenir des relations que le jeune Rabindranath avait eues avec la femme d’un de ses frères aînés. Elle n’avait que sept ans de plus que son beau-frère dont elle partageait les goûts littéraires. Elle se suicida à l’âge de 25 ans, quelques mois seulement après le mariage du poète.

Après Quatre chapitres (Zulma, 2004), Chârulatâ est le deuxième roman inédit de Tagore traduit en français par France Bhattacharya.
Satyajit Ray en réalisa un chef-d’œuvre cinématographique en 1964.